Les objectifs thérapeutiques reposent d’une part sur la prévention
primaire avec la diminution des facteurs de risque principaux
que sont le tabac et l’alcool, la prévention secondaire par
le dépistage théorique des sujets les plus à risque (tabac
alcool, lésions précancéreuses, etc.) et d’autre part sur la stratégie
thérapeutique adaptée de la maladie avérée (cas le plus
fréquent).
Le bilan préthérapeutique représente le point de départ dans
l’histoire de la maladie d’un patient, il va conditionner sa guérison
ou son évolution, il se doit d’être précis et exhaustif. Le bilan locorégional
nécessite une pan-endoscopie ORL sous anesthésie générale,
associée si possible à une fibroscopie bronchique et oesogastrique,
à la recherche d’une seconde localisation (10 à 20 % des
cas) ou d’une fréquente maladie associée (infection bronchique,
oesophagite, ulcère gastroduodénal, etc.). Des biopsies sont effectuées
à visée histodiagnostique et un schéma résume l’examen
endoscopique. Le bilan est complété par une imagerie médicale
orientée, tête et cou (TDM : tomodensitométrie, IRM : imagerie
par résonance magnétique, échographie) et à distance (TDM thoracomédiastinale,
TEP : tomographie par émission de positons).
L’état dentaire est apprécié (panorex, consultation spécialisée).
Le bilan préthérapeutique aboutit à une classification TNM qui
est un facteur pronostique majeur et la clef de voûte des indications
thérapeutiques.
Par ailleurs, un bilan général clinique et biologique selon le
terrain évalue non seulement l’opérabilité mais aussi les suites
fonctionnelles prévisibles (EFR : épreuves fonctionnelles respiratoires,
bilan cardiologique, vasculaire, etc.). On précise ainsi
l’état général et nutritionnel du malade, l’impact des comorbidités
associées en utilisant des scores pour aboutir à des échelles
de classification pertinentes comme l’index de Karnovski, le
Performans Status de l’OMS ou le score ASA. L’âge chronologique
du malade n’est pas un facteur limitant, c’est plutôt
l’âge physiologique qui sera apprécié.
Stratégie thérapeutique
Traitements chirurgicaux
Les progrès de la chirurgie ont été réalisés dans 4 grandes
directions : l’exérèse de la tumeur primitive, les évidements
ganglionnaires cervicaux, la réparation de la perte de substance
chirurgicale et la prise en charge du handicap pour les
chirurgies mutilantes (laryngectomisés).
En ce qui concerne les voies d’abord chirurgicales, les techniques
les moins mutilantes sont utilisées, en favorisant les
voies camouflées comme le respect labial inférieur par la technique
du degloving pour les tumeurs buccopharyngées postérieures
(buccopharyngectomies transmandibulaires conservatrices)
[4] ou bien encore l’usage de voies combinées
endorales et cervicales pour le pharynx, qui préservent la
mandibule. C’est aussi la voie vestibulaire supérieure endobuccale
pour les cavités nasosinusiennes.
L’exérèse de la tumeur représente la limitation des indications
de chirurgie mutilante du larynx (laryngectomie totale, pharyngolaryngectomie
totale) avec trachéostomie définitive aux
lésions évoluées T4 transglottiques ou en rattrapage postradique.
Les laryngectomies partielles et reconstructrices sont
le développement des techniques de conservation fonctionnelle
laryngée ; elles s’adressent aux lésions limitées du
pharyngolarynx comme les laryngectomies ou pharyngolaryngectomies
supraglottiques, les hémipharyngolaryngectomies
supraglottiques ou supracricoïdiennes, la cricohyoïdoépiglottopexie
(CHEP), la cricohyoïdopexie (CHP), ou la
laryngectomie frontale antérieure reconstructive [5].
La chirurgie ganglionnaire cervicale est bien systématisée et
les aires de drainage sont sectorisées [6]. Les techniques de
curages ganglionnaires cervicaux ont évolué, elles sont de
plus en plus conservatrices, comme le curage dit fonctionnel
qui respecte la veine jugulaire interne, le nerf spinal et le muscle
sternocleidomastoïdien, mais aussi les branches de division
de la carotide externe, le réseau veineux jugulaire externe, et
les rameaux sensitifs profonds du plexus cervical. L’amélioration
des techniques d’imagerie autorise la réalisation de curages
sélectifs de secteurs ganglionnaires précis, et la lymphoscintigraphie
et détection du ganglion sentinelle pour certaines
localisations tumorales de la cavité buccale (T1 et T2 N0) est
encore en cours d’évaluation. Le curage dit traditionnel reste
réservé aux ganglions en rupture capsulaire ou à une masse
interstitielle cervicale.
Des progrès majeurs dans la chirurgie réparatrice de la face et
du cou ont été réalisés cette dernière décennie [7]. Elle répond
à des impératifs ambitieux qui sont une chirurgie la plus carcinologique
possible, la diminution des complications postopératoires
et de la morbidité afin de faciliter la réinsertion socioprofessionnelle
et de rétablir une qualité de vie optimale.
Les techniques de réparation font appel à des procédés classiques
comme les sutures simples, les greffes cutanées et les
lambeaux cutanés ou myocutanés locorégionaux pédiculés
(muscles grand pectoral, grand dorsal, etc.). L’avènement des
lambeaux pédiculés puis libres prélevés à distance et microanastomosés,
simples ou composites, autorise l’augmentation
des marges de sécurité d’exérèse par la possibilité de grandes
surfaces disponibles et le comblement de volumes importants
(cancers infiltrants). Ces lambeaux autorisent le sacrifice et la
réparation de structures complexes comme la réparation d’une
interruption mandibulaire (transplant osseux de fibula
[péroné], parascapulaire, etc.), la reconstruction d’un voile du
palais (lambeau antébrachial libre) ou d’une voûte palatine,
des sillons vestibulaires ou pelvilinguaux.
Les lambeaux vont permettre aussi le rétablissement de la
continuité pharyngo-oesophagienne après pharyngolaryngectomie
circulaire (lambeau antébrachial microanastomosé,
etc.) ou de fermer un orostome ou un pharyngostome chirurgical
et protéger ainsi un axe carotidien en prévenant fistule et
sepsis cervical particulièrement en situation post-radique. Ceci
implique une fiabilité optimale du lambeau et une morbidité
minimale du prélèvement.
En parallèle avec l’objectif carcinologique, la réinsertion socioprofessionnelle
grâce à une restauration de la qualité de vie
doit être prise en compte d’emblée. Il s’agit de limiter les
séquelles fonctionnelles par la préservation ou le rétablissement
des fonctions de mastication, de déglutition, d’élocution
et d’ouverture buccale, mais aussi de diminuer la rançon
esthétique à la fois cervicofaciale et au niveau du site de prélèvement
du lambeau. C’est donc savoir utiliser des techniques
fiables pour conserver la mobilité linguale et l’indépendance
des structures anatomiques (vestibules, plancher de la bouche),
restaurer la continuité mandibulaire ou préserver la fonction
vélopharyngée, ou bien encore restaurer la sangle labiomentonnière
ou préparer et faciliter une réhabilitation
dentaire ultérieure. Pour cela, il faut disposer d’un large choix
de moyens de reconstruction adaptés à chaque type d’exérèse
et d’une fiabilité maximale.
Toutes ces techniques vont trouver une place de choix dans la
réparation des tissus radionécrotiques ; il s’agit d’une chirurgie
délicate et difficile, comme celle de la prise en charge d’un
pharyngostome post-radique évolué ou d’une ostéoradionécrose
mandibulaire.
Enfin, la réhabilitation du laryngectomisé permet actuellement
d’obtenir des résultats particulièrement gratifiants grâce à la
mise en place d’une prothèse phonatoire dans le même
temps que celui de la laryngectomie, l’utilisation précoce de
filtres de trachéostome puis d’une valve phonatoire “mains
libres” qui permet une vocalisation quasi naturelle grâce à
une rééducation orthophonique ciblée.
Radiothérapie
La radiothérapie est un traitement dit “locorégional” parce
qu’il agit directement sur la zone du cancer et sur sa proche
périphérie, notamment sur les premiers ganglions. L’irradiation
par voie externe (transcutanée) est le type de radiothérapie le
plus utilisé.
Le traitement par radiothérapie implique un compromis entre la
nécessité d’irradier suffisamment le tissu cancéreux pour permettre
le contrôle local de la tumeur et la volonté d’irradier au
minimum les tissus sains voisins afin de limiter la morbidité. Les
progrès technologiques en imagerie médicale, en informatique
et en radiothérapie ont permis, depuis une décennie, de développer
la radiothérapie conformationnelle, qui se “conforme” au
mieux à la géométrie dans l’espace tridimensionnel de la
tumeur. La radiothérapie conformationnelle en 3 dimensions
(RC3D), en conformant les faisceaux d’irradiation au volume
tumoral à traiter, présente théoriquement 2 avantages. D’une
part, pour une dose d’irradiation similaire à la radiothérapie
conventionnelle, elle diminuerait la morbidité des tissus sains
voisins. D’autre part en permettant d’augmenter la dose dans
les tissus cibles, elle vise à améliorer le contrôle tumoral local,
sans accroître la morbidité induite. On parle alors d’optimisation
de l’index thérapeutique (rapport efficacité/toxicité).
Cela est d’autant plus important dans les cancers des voies
VADS, où les volumes cibles tumoraux sont à proximité de
nombreux organes sensibles (que l’on souhaite donc protéger)
comme la moelle épinière, la peau et les muqueuses, les pièces
osseuses et cartilagineuses, les dents, les glandes salivaires
(parotides), mais également les globes oculaires, les nerfs
optiques, l’encéphale, etc. Il faut bien se représenter que le ou
les volumes-cibles considérés incluent non seulement la
tumeur proprement dite, mais également les territoires
d’extension éventuels et les aires ganglionnaires de drainage.
L’étape ultérieure est la radiothérapie conformationnelle par
modulation d’intensité ou “RCMI”. Par son principe physique,
elle permet de modifier volontairement la dose au sein même
du champ d’irradiation, en modulant l’intensité en énergie des
faisceaux d’irradiation [8]. Le progrès de cette technique,
devenue opérationnelle en France au cours de l’année 2000,
réside essentiellement dans sa capacité à épargner les organes
à risque et à couvrir de façon plus efficace (plus homogène et
plus précise) les volumes cibles. C’est notamment le cas où les
volumes cibles sont de forme concave autour d’organes à
risque (tumeur de la paroi pharyngée postérieure enroulée
autour de la colonne vertébrale par exemple) et plus particulièrement
en cas de nécessité d’irradier de nouveau une
tumeur [9]. Cette technique permet également l’escalade de
dose avec un meilleur index thérapeutique, avec comme
espoir un meilleur contrôle de la maladie et une amélioration
notable de la qualité de vie. En effet, la protection des glandes
salivaires peut apporter un confort non négligeable pour les
patients, en diminuant voire en évitant l’hyposialie ou encore
“xérostomie”, séquelle parfois majeure bien connue des traitements
par irradiation sur la sphère ORL.
L’index thérapeutique de la radiothérapie peut également être
augmenté par différents moyens comme les modifications du
fractionnement, l’utilisation de radiosensibilisants ou de radioprotecteurs
ou l’association avec de la chimiothérapie. Les progrès
obtenus (ou attendus) grâce à ces possibilités incitent à
s’interroger sur la place actuelle de la radiothérapie conventionnelle
dans les cancers des VADS [10].
Le fractionnement peut concerner la dose totale ou le temps
total. À partir des modifications de ces paramètres, trois schémas
sont possibles : hyperfractionné (augmentation de la dose
totale à temps constant), accéléré (diminution du temps total
sans modification de la dose totale) voire très accéléré (diminution
du temps total et de la dose totale).
Au cours de la radiothérapie hyperfractionnée, la diminution de la
dose/fraction permet d’épargner les tissus sains à renouvellement
tardif concernés par les effets tardifs du traitement (fibrose,
nécrose). La dose peut être augmentée jusqu’à 80 Gy. Cette
radiothérapie modifiée s’avère supérieure à la radiothérapie
Cancers ORL : les grands principes thérapeutiques
orl/cancérologi e
tome 36 > n° 11 > novembre 2007 > cahier 2
1637 Mise au point
conventionnelle en termes de contrôle tumoral local. En revanche,
elle a peu d’impact sur la survie. Cependant la toxicité tardive,
qui reste un facteur limitant de l’irradiation, n’est pas
influencée par l’augmentation de la dose totale.
La radiothérapie accélérée se justifie par le fait que les cancers
épidermoïdes de la tête et du cou sont des tumeurs à prolifération
extrêmement rapide: leur temps de doublement potentiel
est de moins de 3 jours. Par ailleurs, par rapport à la radiothérapie
conventionnelle, l’allongement de la radiothérapie a
un effet néfaste lié à la probabilité de perte de contrôle tumoral,
qui est variable, mais constante. D’où l’idée d’accélérer le
traitement pour obtenir de meilleurs résultats. Une hypothèse
qui semble confirmée en termes de contrôle local de la
tumeur, mais, là encore, sans effet significatif sur la survie.
Enfin, la curiethérapie consiste à délivrer des rayons au plus
près de la tumeur par l’intermédiaire de sources radioactives
telles que le césium-137, l’iridium-192 ou l’iode-125.
Ces sources sont appliquées dans l’organisme au contact des
cellules cancéreuses, soit directement, soit scellées dans des
“vecteurs”. Cette méthode permet d’irradier la tumeur en protégeant
au maximum les organes voisins et dans certains cas
d’éviter les traitements chirurgicaux. La curiethérapie s’adresse
au traitement de tumeurs de petit volume, aux contours précis
et facilement accessibles (voile du palais, luette, etc.).
Les effets secondaires observés durant l’irradiation sont essentiellement
la radio-épithélite et la radiomucite qui peuvent
nécessiter la mise en place d’une alimentation entérale continue
par sonde. Ils sont habituellement réversibles mais leur
intensité peut parfois imposer l’arrêt du traitement qui est un
facteur pronostique péjoratif pour le contrôle de la maladie et
la survie. Les complications chroniques surviennent à partir de
la sixième semaine après la fin du traitement ; les plus fréquentes
sont la xérostomie et l’induration tégumentaire cervicale.
Les complications dentaires doivent être prévenues par la
remise en état avant traitement et par des soins quotidiens
(bains de bouche, gouttières fluorées) à vie. La toxicité tardive
comme la constriction permanente des maxillaires, la sténose
pharyngée, la nécrose laryngée et la myélite post-radique plus
rares sont toujours à redouter. La toxicité actinique peut être
majorée par une chimiothérapie concomitante.
Chimiothérapie
La chimiothérapie a été proposée pour tenter d’améliorer le
contrôle local et la survie selon plusieurs modalités [4, 11] :
en induction, adjuvante ou concomitante à la radiothérapie.
Jusqu’à présent, aucun des médicaments utilisés, seuls ou
combinés, en induction ou dans un but adjuvant n’a jamais
démontré un bénéfice significatif sur la survie quels que soient
le stade et la localisation tumorale [12].
Cependant, la chimiothérapie d’induction a montré un intérêt
dans la préservation laryngée, des cancers avancés du larynx
et de l’hypopharynx, avec une bonne corrélation entre la chimiosensibilité
et la radiosensibilité, en permettant des taux de
larynx préservés non opérés de l’ordre de 40 à 60 % à survie
inchangée [12-15]. Les modalités actuelles reposent soit sur
l’administration classique de cisplatine à 100 mg/m2 à J1 et de
5-FU à 1 000 mg/m2 de J1 à J5, selon 3 cycles débutant à J1,
J22, J43 (protocole PF), soit sur une combinaison de taxotère à
75 mg/m2 à J1, de cisplatine à 75 mg/m2 à J1 et de 5-FU à
750 mg/m2 de J1 à J5, selon 3 ou 4 cycles débutant à J1, J22,
J43 (protocole TPF, essais EORTC 24971/TAX 323). L’apport du
taxotère a permis la diminution des doses de cisplatine et de
5-FU favorisant ainsi la tolérance et l’observance au traitement.
Le protocole TPF suivi de radiothérapie est significativement
supérieur au protocole PF suivi de radiothérapie en termes
de taux de réponse, de survie sans progression de la
maladie et de survie globale (essai GORTEC 2000-01). L’efficacité
du protocole TPF en induction a été confirmée avant radiochimiothérapie
(avec carboplatine) en termes de survie sans
progression (essai TAX 324). La chimiothérapie d’induction
puis concomitante à la radiothérapie améliore le taux de
réponse au prix d’une toxicité muqueuse plus élevée de
l’ordre de 20 % [16]. Le protocole TPF s’impose actuellement
comme le nouveau standard quand une chimiothérapie
d’induction est indiquée.
L’association concomitante de la chimiothérapie cytotoxique et
de la radiothérapie permet d’améliorer le contrôle local et de
réduire le risque de dissémination métastatique des tumeurs
avancées (stades III et IV). Elle est également une alternative
possible comme traitement exclusif des tumeurs du pharyngolarynx
qui relèvent d’une laryngectomie totale [17].
La radiochiomiothérapie a été évaluée avec une monothérapie
(5-FU, hydroxyurée, mitomycine, sels de platine) ou en
polychimiothérapie.
Actuellement elle peut être considérée comme un traitement
standard des tumeurs de stades III et IV non résécables, en
sachant que la mucite en est le principal facteur de toxicité
limitant [18]. La toxicité tardive est plus fréquente pour les
tumeurs du larynx et de l’hypopharynx, et son bénéfice n’a
pas été réellement démontré chez les patients âgés de plus de
70 ans.
Deux essais randomisés comparant la radiothérapie et la radiochimiothérapie
postopératoire (avec 3 cures de cisplatine) chez
des patients atteints d’un cancer des VADS avec au moins
2 facteurs de risques péjoratifs (marges d’exérèse tumorale,
adénopathie en rupture capsulaire) ont démontré une amélioration
de la survie en faveur de la radiochimiothérapie postopératoire
(EORTC 22981, RTOG 9501) [14, 19].
Des protocoles de réirradiation avec chimiothérapie concomitante
pour les récidives locorégionales ont été proposés sans
progrès décisifs en termes de survie et au prix d’une toxicité
élevée. Le traitement des récidives locorégionales par réirradiation
avec chimiothérapie concomitante (5-FU et hydroxyurée)
Poissonnet G, Benezery K, Peyrade F, Bozec A, Bensadoun RJ, Marcy PY et al.
tome 36 > n° 11 > novembre 2007 > cahier 2
1638
après chirurgie de rattrapage [20] n’a montré qu’un avantage
en ce qui concerne la survie sans progression de la maladie et
aucune amélioration de la survie globale.
Thérapies ciblées
Les avancées récentes dans la compréhension des mécanismes
moléculaires de l’oncogenèse et particulièrement dans les voies
de la signalisation cellulaire ont permis de développer des drogues
plus spécifiques qui ciblent sélectivement les cellules cancéreuses.
Dans le cas des cancers ORL, le récepteur membranaire à
l’EGF (Epidermal Growth Factor) est souvent surexprimé par les
cellules tumorales [21, 22]. Cette surexpression majore le niveau
de prolifération tumorale, le risque de récidive métastatique et le
risque de radiorésistance. C’est un facteur pronostique indépendant
reconnu (mais peu utilisé) ainsi qu’une cible thérapeutique
de choix, soit par l’utilisation d’un anticorps monoclonal (cétuximab),
soit par l’application d’un inhibiteur spécifique de l’activité
tyrosine-kinase intracellulaire du REGF ou récepteur de l’EGF (erlotinib,
géfitinib). Des résultats cliniques récents ont montré un
effet chimio et radiosensibilisant de drogues ciblant le REGF
[23]. Une étude récente multicentrique a démontré la supériorité,
en termes de contrôle local et de survie, de l’association d’un
anti-REGF (cétuximab) radiothérapie, versus radiothérapie seule,
concernant des tumeurs avancées (stades II et IV) non métastatiques,
sans augmentation de la toxicité [24]. La critique principale
de cet essai étant un bras de référence non optimal puisque
ne comportant que de la radiothérapie sans chimiothérapie.
L’apport des thérapies ciblées combinées à la chimiothérapie pour
le traitement des cancers en récidive locorégionale ou en phase
métastatique et progressant sous chimiothérapie est encore en
évaluation. Deux études récentes de phase II ont montré la faisabilité
en termes de tolérance (anémie, réaction acnéiforme, troubles
digestifs), sans augmentation de la survie [25-27].
Traitements associés
Dès l’annonce du diagnostic le patient est inscrit dans un parcours
de soins balisé. Les soins de support multidisciplinaires
sont coordonnés. Ils contribuent à la prise en charge globale
du malade tout au long de sa maladie. Ils concernent la douleur,
l’asthénie, les problèmes nutritionnels, digestifs et odontologiques,
les troubles respiratoires, le handicap phonatoire
(laryngectomisés), la réadaptation sociale et l’aide psychologique
(souffrance psychique et dénaturation de l’image corporelle).
L’aide au sevrage de l’alcool et du tabac est réalisée
autant que possible. Cette prise en charge continue va
jusqu’au stade ultime de l’accompagnement en fin de vie
dans les situations palliatives sans possibilité curative.
Indications
Le traitement des cancers ORL nécessite un bilan préthérapeutique
très précis de l’extension tumorale locorégionale ainsi
que du terrain et de la comorbidité associée. Il doit prendre
en considération à la fois le site tumoral primitif et les aires
ganglionnaires cervicales (métastases) de principe ou de
nécessité [3, 10].
Plusieurs techniques peuvent être utilisées, seules ou combinées.
Si la chirurgie et la radiothérapie peuvent à elles seules
être curatrices, la chimiothérapie ne peut se concevoir qu’en
association néoadjuvante ou synchrone de la radiothérapie
unique ou postopératoire. Ces méthodes thérapeutiques multiples,
dans leur choix comme dans leurs modalités, la complexité
même de ces tumeurs sur le plan anatomofonctionnel,
l’évolution locorégionale naturellement monstrueuse, imposent
tout naturellement la nécessité d’une réflexion et d’un
choix multidisciplinaire, le respect des référentiels classiques
(standards, options et recommandations, niveaux de preuves,
etc.), l’établissement de thésaurus par unité de concertation,
la définition de critères de choix et d’arbres décisionnels adaptés
par les équipes traitantes : traitement exclusif par chirurgie
ou radiothérapie, choix des traitements combinés (chirurgie ou
radiothérapie première), indications des traitements de rattrapage
dans les cas encore fréquents de récidive locorégionale.
La concertation multidisciplinaire permet en outre l’inclusion
de certains malades dans les essais thérapeutiques en cours.
Elle permet aussi une prise en charge optimale des soins de
support (algologie, renutrition par sonde nasogastrique ou gastrostomie,
soutien psychologique, etc.).
Il existe des facteurs déterminants dans le choix thérapeutique
que sont : la localisation et la sous-localisation tumorale,
l’aspect macroscopique lésionnel (bourgeonnant ou infiltrant,
inflammatoire, bien limité ou non), la taille tumorale, le statut
ganglionnaire et la présence de métastases à distance (stade
TNM), le contexte carcinologique historique (récidive, seconde
localisation, post-radique, etc.), l’âge physiologique et la
comorbidité.
Les tendances thérapeutiques actuelles, dans le respect des
principes de la carcinologie, sont au développement des stratégies
conservatrices, chirurgicales ou non chirurgicales [17].
Dans les centres spécialisés, la recherche clinique a pour but
de favoriser les progrès thérapeutiques à partir des résultats
des études cliniques et de définir des nouveaux protocoles.
Selon les stades
Pour les tumeurs débutantes T1-T2 N0, selon la localisation, le
traitement de choix est la chirurgie fonctionnelle ou la radiothérapie
exclusive (curiethérapie, conventionnelle ou IMRT :
radiothérapie par modulation d’intensité). La chirurgie peut
être transorale, endoscopique (laser CO2) ou par voie cervicale
(pharyngectomies et laryngectomies partielles) ; pour la majorité
des cas, un curage ganglionnaire sélectif ou radical modifié,
uni ou bilatéral est réalisé de principe. Il n’y a pas de place
pour la chimiothérapie.
Cancers ORL : les grands principes thérapeutiques
orl/cancérologi e
tome 36 > n° 11 > novembre 2007 > cahier 2
1639 Mise au point
Pour les tumeurs évoluées T3-T4 N > 0, plusieurs options sont
possibles, le choix doit être adapté à chaque cas particulier.
La chirurgie, fonctionnelle ou radicale et réparatrice sur la
tumeur et les ganglions, sera toujours suivie d’une radiothérapie
postopératoire conventionnelle ou associée à la chimiothérapie
si des facteurs de mauvais pronostic sont présents.
La radiothérapie exclusive, sur le mode conventionnel, bifractionnée,
ou accélérée avec concomitant boost, peut être associée
à la chimiothérapie ou à une thérapie moléculaire ciblée
(cétuximab 400 mg/m2 une semaine avant le début de la
radiothérapie puis 250 mg/m2 hebdomadaire pendant la
durée de la radiothérapie) [27]. La chimiothérapie concomitante
fait appel au cisplatine, au 5-FU, au carboplatine et à la mitomycine
C, selon des schémas de mono ou polychimiothérapies.
La préservation laryngée fait appel soit à une chimiothérapie
d’induction selon le protocole PF ou TPF suivi de radiothérapie
conventionnelle en cas de réponse > 50 % ou de laryngectomie
totale, curage bilatéral et radiothérapie complémentaire
en cas de réponse < 50 % ; soit à une radiochimiothérapie
avec du cisplatine à 100 mg/m2 à J1, J22 et J43 puis une surveillance
simple en cas de réponse complète ou une laryngectomie
totale et un curage ganglionnaire en cas de réponse
incomplète [4, 10, 17].
Selon la localisation
Les carcinomes de la cavité buccale sont de façon classique
traités et contrôlés par la chirurgie dans 60 à 90 % des cas,
la radiothérapie postopératoire étant réservée aux formes infiltrantes
évoluées ou aux cas d’atteinte ganglionnaire multiple.
Les tumeurs de l’oropharynx sont traitées en première intention
soit par radiothérapie, soit par chirurgie suivie de radiothérapie
pour les formes plus infiltrantes (en particulier le sillon
amygdaloglosse).
Pour les carcinomes du larynx : les tumeurs limitées peuvent
être traitées par la chirurgie fonctionnelle exclusive, mis à part
le cas particulier de la corde vocale où la radiothérapie exclusive
en champs étroits reste une excellente indication. Pour les
tumeurs plus évoluées la laryngectomie totale garde une indication
pour les lésions transfixiantes cartilagineuses ou les
extensions sous-glottiques avancées ; dans les autres cas, des
protocoles de conservation laryngée doivent être proposés.
Pour les carcinomes de l’hypopharynx, les lésions limitées
peuvent être traitées par chirurgie partielle suivie de radiothérapie,
les formes évoluées relevant de protocoles de préservation
laryngée, la chirurgie mutilante (pharyngolaryngectomie
totale, pharyngolaryngectomie circulaire) étant plutôt réservée
pour le rattrapage des échecs médicaux [4].
Les carcinomes des cavités nasosinusiennes sont traités préférentiellement
par l’association chirurgie suivie de radiothérapie
externe.
Le carcinome peu différencié du cavum est traité par radiothérapie
exclusive selon le mode conformationnel ou au mieux
par RCMI (radiothérapie conformationnelle avec modulation
d’intensité) pour les formes limitées (T1 et T2 N0), tandis
que pour les formes plus évoluées, l’association d’une chimiothérapie
avec la radiothérapie est la règle [28].
Résultats
La localisation, la taille de la tumeur primitive et les métastases
ganglionnaires cervicales sont les principaux facteurs qui déterminent
la survie des carcinomes épidermoïdes des VADS.
L’analyse des taux de survie est rendue difficile par la grande
hétérogénéité de ces tumeurs, par l’importance de la lymphophilie
et son retentissement dans la survie, par la complexité
des traitements mis en oeuvre et la difficulté de mener des
essais randomisés prolongés dans le temps. Tous stades et
localisations confondus la survie reste en moyenne entre 30 et
40 % à 5 ans [11].
Selon le stade
En ce qui concerne les tumeurs débutantes T1-T2 N0, le
contrôle local est de l’ordre de 90 % et la survie à 5 ans de
l’ordre de 80 %. Le risque essentiel est l’apparition d’un
second cancer dans les 2 ans.
Pour les tumeurs avancées T3-T4 N > 0, le contrôle locorégional
de la maladie est de 40 à 80 % selon la localisation et la
survie à 5 ans de 20 à 50 %. Le risque de récidive locale est de
40 à 60 % ; celui de métastases à distance de 15 à 30 % ; celui
de second cancer de 10 à 15 %.
Selon la localisation
Pour la cavité buccale, la survie globale moyenne à 5 ans est
de l’ordre de 50 % tous stades, sous-localisations (plancher,
langue, palais, face interne de joue, etc.) et traitements
confondus.
Pour l’oropharynx, la survie à 5 ans varie de 10 à 60 % selon le
stade et la sous-localisation (amygdale, vallécules, base de
langue, paroi pharyngée postérieure).
Pour le larynx le taux de survie globale à 5 ans tous stades
confondus est de l’ordre de 60 % (80 à 95 % pour les petites
tumeurs de la corde vocale, mais aux alentours de 50 % pour
les tumeurs plus avancées).
Pour l’hypopharynx (tous stades et sous-localisations confondus),
les résultats globaux en termes de survie restent médiocres,
de l’ordre de 15 à 25 % à 5 ans.
La survie à 5 ans des carcinomes épidermoïdes des cavités
nasosinusiennes est de 50 à 70 % pour les tumeurs limitées
(T1 T2), et de 25 à 30 % pour les formes évoluées (T3 T4).
L’association radiochimiothérapie concomitante a montré des
taux de survie de plus de 70 % pour des formes avancées
des carcinomes nasopharyngés (stades III et IV) [28].
Les cancers de la tête et du cou présentent un risque important
de récidive locorégionale lors des 2 premières années qui
Poissonnet G, Benezery K, Peyrade F, Bozec A, Bensadoun RJ, Marcy PY et al.
tome 36 > n° 11 > novembre 2007 > cahier 2
1640
suivent le traitement initial. Le traitement de ces récidives
reste difficile et souvent décevant, particulièrement quand la
récidive survient après un traitement chirurgical suivi de radiothérapie
postopératoire. La question d’une chirurgie de rattrapage
après radiochimiothérapie devient une éventualité de
plus en plus fréquente, mais le pourcentage de patients qui
peuvent en bénéficier n’excède pas 50 %, excepté pour les
récidives laryngées. Les résultats en termes de survie se
situent alors autour de 15 à 25 % à 5 ans. Par ailleurs, les
résultats fonctionnels après chirurgie de rattrapage sont souvent
médiocres [29].
Le risque de métastase à distance est de l’ordre de 15 % par
an, plus particulièrement encore pour certaines localisations
comme l’oropharynx ou l’hypopharynx.
Conclusion
Concernant les tumeurs limitées, la chirurgie fait appel aux
techniques de conservation fonctionnelle, tandis que pour les
tumeurs avancées, les pertes de substance sont traitées par
des techniques de reconstruction complexes, notamment par
les lambeaux libres.
La radiothérapie conformationnelle apporte un progrès indiscutable
dans la prise en charge de ces tumeurs tant sur le plan
de l’efficacité que des effets adverses. Pour les tumeurs avancées,
la radiochimiothérapie concomitante et la radiothérapie
hyperfractionnée (escalade de doses) ont montré une augmentation
modérée mais significative des taux de survie et
de contrôle locorégional. La radiochimiothérapie postopératoire
est indiquée dans les formes de mauvais pronostic chez
les sujets âgés de moins de 70 ans. L’association du cisplatine,
du 5-FU et du taxotère est le nouveau standard de la chimiothérapie
d’induction pour la préservation laryngée dans les
tumeurs avancées (T3-T4).
L’association d’une thérapie moléculaire ciblée à la radiothérapie
a montré sa supériorité (par rapport à la radiothérapie
exclusive) dans la survie pour les tumeurs avancées.
Le traitement des récidives locales dépend des possibilités de
rattrapage chirurgical et/ou de la réirradiation dont les indications
restent souvent limitées.
L’efficacité de certaines molécules en phase 2 métastatique
n’a jamais été confirmée dans les phases 3 où le bras de référence
comprenait des sels de platine.
La classification TNM reste le meilleur indicateur pronostique
de la survie.
Si les progrès thérapeutiques ont indiscutablement apporté
une amélioration en termes de morbidité et de qualité de
vie, et si les petites tumeurs gardent un pronostic acceptable,
avec un contrôle local dans 80 % des cas, dans les tumeurs
avancées le contrôle local est obtenu dans seulement 30 à
60 % des cas et la survie à 5 ans est de 15 à 40 %.
Concernant les thérapeutiques classiques de ces tumeurs ORL,
les progrès potentiels que l’on peut attendre, notamment en
balistique de radiothérapie, en chirurgie réparatrice avec les
lambeaux libres, avec de nouvelles drogues cytotoxiques en
chimiothérapie, amélioreront très certainement le pronostic
de ces tumeurs. C’est l’association de ces thérapies standards
qui permettra un meilleur contrôle tumoral. Le développement
des essais cliniques coopératifs est un impératif pour tester
objectivement ces nouvelles stratégies.
C’est certainement en biologie moléculaire que les progrès
sont à attendre en améliorant la connaissance de la signalétique
des cellules tumorales, pour mettre en évidence de nouvelles
cibles thérapeutiques.
Conflits d’intérêts : aucun
Références
1 Auperin A, Hill C. Épidémiologie des carcinomes
des voies aérodigestives supérieures.
Cancer Radiother. 2005; 9: 1-7.
2 Zhang ZF, Morgenstern H, Spitz MR,
Tashkin DP, Yu GP, Marshall JR et al. Marijuana
use and increased risk of squamous cell carcinoma
of the head and neck. Cancer Epidemiol
Biomarkers Prev. 1999; 8: 1071-8.
3 Shah JP. Cervical lymph node metastase –
diagnostic, therapeutic and prognosis implications.
Oncology. 1990; 4: 61-9.
4 Pivot X, Schneider M, Demard F, editors. Carcinomes
épidermoïdes des voies aérodigestives
supérieures : nouvelles stratégies diagnostiques
et thérapeutiques. Paris: Springler-
Verlag; 2003.
5 Poissonnet G, Dassonville O, Pivot X, Demard F.
Cancers du larynx et de l’hypopharynx: anatomie,
anatomopathologie, signes cliniques, TNM,
thérapeutique. Bull Cancer. 2000(Suppl 5):
27-38.
6 Robbins KT, Clayman G, Levine PA, Medina J,
Sessions R, Shaha A et al, American Head
and Neck Society. American Academy of Otolaryngology
Head and Neck Surgery. Neck
dissection classification update: revisions
proposed by the American Head and Neck
Society and the American Academy of Otolaryngology-
Head and Neck Surgery. Arch Otolaryngol
Head Neck Surg. 2002; 128: 751-8.
7 Kolb F, Julieron M. Chirurgie réparatrice en cancérologie
ORL: principales méthodes et indications.
Cancer Radiother. 2005; 9: 16-30.
8 Lapeyre M, Marchesi V, Mege A, Aletti P,
Graff P, Racadot S et al. Radiothérapie conformationelle
avec modulation d’intensité des
cancers des voies aérodigestives supérieures
avec irradiation bilatérale du cou : résultats
préliminaires. Cancer Radiother. 2004; 8:
134-47.
9 Maingon P, Mammar V, Peignaux K, Truc G,
Barillot I. Les contraintes aux organes à
risque en radiothérapie par modulation d’intensité
des cancers ORL. Cancer Radiother.
2004; 8: 234-47.
10 Wendt TG, Grabenbauer GG, Rödel CM,
Thiel HJ, Aydin H, Rohloff R et al. Simultaneous
radiochemotherapy versus radiotherapy
alone in advanced head and neck cancer:
a randomized multicenter study. J Clin
Oncol. 1998; 16: 1318-24.
11 Vokes EE, Weichselbaum RR, Lippman SM,
Hong WK. Head and neck cancer. N Engl
J Med. 1993; 328: 184-94.
12 Pignon JP, Baujat J, Bourhis J. Apport des
méta-analyses sur données individuelles au
Cancers ORL : les grands principes thérapeutiques
orl/cancérologi e
tome 36 > n° 11 > novembre 2007 > cahier 2
1641 Mise au point
traitement des cancers ORL. Cancer Radiother.
2005; 9: 31-6.
13 The department of Veteran Affairs Laryngeal
Cancer Study Group. Induction chemotherapy
plus radiation compared with surgery plus
radiation in patients with advanced laryngeal
cancer. N Engl J Med. 1991; 324: 1685-90.
14 Janot F, Rhein B, Koka V. Préservation laryngée
par chimiothérapie première. À propos
de l’expérience de deux centres du GETTEC
dans les cancers de l’endolarynx traités entre
1985 et 1995. Ann Otolaryngol Chir Cervicofac.
2002; 119: 12-20.
15 Bernier J, Vermorken JB, Koch WM. Adjuvant
therapy in patients with resected poor-risk
head and neck cancer. J Clin Oncol. 2006; 24:
2629-35.
16 Hitt R, Grau J, Lopez-Pousa A, Berrocal A,
García-Giron C, Belon J et al. Randomized
phase II/III clinical trial of induction chemotherapy
(ICT) with either cisplatin/5-fluorouracil
(PF) or docetaxel/cisplatin/5-fluorouracil
(TPF) followed by chemoradiotherapy
(CRT) vs. crt alone for patients (pts) with
unresectable locally advanced head and neck
cancer (LAHNC). J Clin Oncol. 2006; 24(18 s):
283s (abst. 5515).
17 Forastiere AA, Goepfert H, Maor M, Pajak TF,
Weber R, Morrison W et al. Concurrent chemotherapy
and radiotherapy for organ preservation
in advanced laryngeal cancer.
N Engl J Med. 2003; 349: 2091-8.
18 Bensadoun RJ, Benezery K, Dassonville O,
Magne N, Poissonnet G, Ramaioli A et al.
French multicenter phase III randomized
study testing concurrent twice-a-day radiotherapy
and cisplatin/5-fluorouracil chemotherapy
(BiRCF) in unresectable pharyngeal
carcinoma: Results at 2 years (FNCLCC-GORTEC).
Int J Radiat Oncol Biol Phys. 2006; 64:
983-94.
19 Bernier J, Cooper JS, Pajak TF, Van Glabbeke M,
Bouhris J, Forastière A et al. Defining risk levels
in locally advanced head and neck cancers:
a comparative analysis of concurrent postoperative
radiation plus chemotherapy trials of the
EORTC (#22931) and RTOG (# 9501). Head
Neck. 2005; 27: 843-50.
20 Janot F, De Raucourt D, Castaing M, Bardet E,
Dolivet G, Bensadoun R et al. Re-irradiation
combined with chemotherapy after salvage
surgery in head and neck carcinoma: a randomized
trial from the GETTEC and GORTEC
groups. J Clin Oncol. 2006; 24(18 s): 282s
(abst. 5508).
21 Dassonville O, Formento JL, Francoual M,
Ramaioli A, Santini J, Schneider M et al.
Expression of epidermal growth factor receptor
and survival in upper aerodigestive tract
cancer. J Clin Oncol. 1993; 11: 1873-8.
22 Magné N, Pivot X, Bensadoun RJ, Guardiola E,
Poissonnet G, Dassonville O et al. The relationship
of epidermal growth factor receptor
level to the prognosis of unresectable pharyngeal
cancer patients treated by chemo-radiotherapy.
Eur J Cancer. 2001; 37: 2169-77.
23 Harari PM, Huang S. Head and neck cancer as
a clinical model for molecular targeting of
therapy: combining EGFR blockade with
radiation. Int J Radiat Oncol Biol Phys. 2001;
49: 427-33.
24 Bonner JA, Harari PM, Giralt J, Azarnia N,
Shin DM, Cohen RB et al. Radiotherapy plus
cetuximab for squamous-cell carcinoma of
the head and neck. N Engl J Med. 2006; 354:
567-78.
25 Baselga J, Trigo JM, Bourhis J, Tortochaux J,
Cortes-Funes H, Hitt R et al. Phase II multicenter
study of the antiepidermal growth
factor receptor monoclonal antibody cetuximab
in combination with platinum-based
chemotherapy in patients with platinumrefractory
metastatic and/or recurrent squamous
cell carcinoma of the head and neck.
J Clin Oncol. 2005; 23: 5568-77.
26 Herbst RS, Arquette M, Shin DM, Dicke K,
Vokes EE, Azarnia N et al. Phase II multicenter
study of the epidermal growth factor
receptor antibody cetuximab and cisplatin
for recurrent and refractory squamous cell
carcinoma of the head and neck. J Clin Oncol.
2005; 23: 5578-87.
27 Rivera S, Keryer C, Busson P, Maingon P. Les
carcinomas du nasopharynx: de la biologie à
la clinique. Cancer Radiother. 2005; 9: 55-68.
28 Julieron M, Temam S. Récidives locorégionales
des cancers ORL: place de la chirurgie.
Bull Cancer. 2004; 91: 863-9.
29 Posner MR, Wirth LJ. Cetuximab and radiotherapy
for head and neck cancer. N Engl J Med.
2006; 354: 634-6.
sepsis cervical particulièrement en situation post-radique. Ceci
implique une fiabilité optimale du lambeau et une morbidité
minimale du prélèvement.
En parallèle avec l’objectif carcinologique, la réinsertion socioprofessionnelle
grâce à une restauration de la qualité de vie
doit être prise en compte d’emblée. Il s’agit de limiter les
séquelles fonctionnelles par la préservation ou le rétablissement
des fonctions de mastication, de déglutition, d’élocution
et d’ouverture buccale, mais aussi de diminuer la rançon
esthétique à la fois cervicofaciale et au niveau du site de prélèvement
du lambeau. C’est donc savoir utiliser des techniques
fiables pour conserver la mobilité linguale et l’indépendance
des structures anatomiques (vestibules, plancher de la bouche),
restaurer la continuité mandibulaire ou préserver la fonction
vélopharyngée, ou bien encore restaurer la sangle labiomentonnière
ou préparer et faciliter une réhabilitation
dentaire ultérieure. Pour cela, il faut disposer d’un large choix
de moyens de reconstruction adaptés à chaque type d’exérèse
et d’une fiabilité maximale.
Toutes ces techniques vont trouver une place de choix dans la
réparation des tissus radionécrotiques ; il s’agit d’une chirurgie
délicate et difficile, comme celle de la prise en charge d’un
pharyngostome post-radique évolué ou d’une ostéoradionécrose
mandibulaire.
Enfin, la réhabilitation du laryngectomisé permet actuellement
d’obtenir des résultats particulièrement gratifiants grâce à la
mise en place d’une prothèse phonatoire dans le même
temps que celui de la laryngectomie, l’utilisation précoce de
filtres de trachéostome puis d’une valve phonatoire “mains
libres” qui permet une vocalisation quasi naturelle grâce à
une rééducation orthophonique ciblée.
Radiothérapie
La radiothérapie est un traitement dit “locorégional” parce
qu’il agit directement sur la zone du cancer et sur sa proche
périphérie, notamment sur les premiers ganglions. L’irradiation
par voie externe (transcutanée) est le type de radiothérapie le
plus utilisé.
Le traitement par radiothérapie implique un compromis entre la
nécessité d’irradier suffisamment le tissu cancéreux pour permettre
le contrôle local de la tumeur et la volonté d’irradier au
minimum les tissus sains voisins afin de limiter la morbidité. Les
progrès technologiques en imagerie médicale, en informatique
et en radiothérapie ont permis, depuis une décennie, de développer
la radiothérapie conformationnelle, qui se “conforme” au
mieux à la géométrie dans l’espace tridimensionnel de la
tumeur. La radiothérapie conformationnelle en 3 dimensions
(RC3D), en conformant les faisceaux d’irradiation au volume
tumoral à traiter, présente théoriquement 2 avantages. D’une
part, pour une dose d’irradiation similaire à la radiothérapie
conventionnelle, elle diminuerait la morbidité des tissus sains
voisins. D’autre part en permettant d’augmenter la dose dans
les tissus cibles, elle vise à améliorer le contrôle tumoral local,
sans accroître la morbidité induite. On parle alors d’optimisation
de l’index thérapeutique (rapport efficacité/toxicité).
Cela est d’autant plus important dans les cancers des voies
VADS, où les volumes cibles tumoraux sont à proximité de
nombreux organes sensibles (que l’on souhaite donc protéger)
comme la moelle épinière, la peau et les muqueuses, les pièces
osseuses et cartilagineuses, les dents, les glandes salivaires
(parotides), mais également les globes oculaires, les nerfs
optiques, l’encéphale, etc. Il faut bien se représenter que le ou
les volumes-cibles considérés incluent non seulement la
tumeur proprement dite, mais également les territoires
d’extension éventuels et les aires ganglionnaires de drainage.
L’étape ultérieure est la radiothérapie conformationnelle par
modulation d’intensité ou “RCMI”. Par son principe physique,
elle permet de modifier volontairement la dose au sein même
du champ d’irradiation, en modulant l’intensité en énergie des
faisceaux d’irradiation [8]. Le progrès de cette technique,
devenue opérationnelle en France au cours de l’année 2000,
réside essentiellement dans sa capacité à épargner les organes
à risque et à couvrir de façon plus efficace (plus homogène et
plus précise) les volumes cibles. C’est notamment le cas où les
volumes cibles sont de forme concave autour d’organes à
risque (tumeur de la paroi pharyngée postérieure enroulée
autour de la colonne vertébrale par exemple) et plus particulièrement
en cas de nécessité d’irradier de nouveau une
tumeur [9]. Cette technique permet également l’escalade de
dose avec un meilleur index thérapeutique, avec comme
espoir un meilleur contrôle de la maladie et une amélioration
notable de la qualité de vie. En effet, la protection des glandes
salivaires peut apporter un confort non négligeable pour les
patients, en diminuant voire en évitant l’hyposialie ou encore
“xérostomie”, séquelle parfois majeure bien connue des traitements
par irradiation sur la sphère ORL.
L’index thérapeutique de la radiothérapie peut également être
augmenté par différents moyens comme les modifications du
fractionnement, l’utilisation de radiosensibilisants ou de radioprotecteurs
ou l’association avec de la chimiothérapie. Les progrès
obtenus (ou attendus) grâce à ces possibilités incitent à
s’interroger sur la place actuelle de la radiothérapie conventionnelle
dans les cancers des VADS [10].
Le fractionnement peut concerner la dose totale ou le temps
total. À partir des modifications de ces paramètres, trois schémas
sont possibles : hyperfractionné (augmentation de la dose
totale à temps constant), accéléré (diminution du temps total
sans modification de la dose totale) voire très accéléré (diminution
du temps total et de la dose totale).
Au cours de la radiothérapie hyperfractionnée, la diminution de la
dose/fraction permet d’épargner les tissus sains à renouvellement
tardif concernés par les effets tardifs du traitement (fibrose,
nécrose). La dose peut être augmentée jusqu’à 80 Gy. Cette
radiothérapie modifiée s’avère supérieure à la radiothérapie
Cancers ORL : les grands principes thérapeutiques
orl/cancérologi e
tome 36 > n° 11 > novembre 2007 > cahier 2
1637 Mise au point
conventionnelle en termes de contrôle tumoral local. En revanche,
elle a peu d’impact sur la survie. Cependant la toxicité tardive,
qui reste un facteur limitant de l’irradiation, n’est pas
influencée par l’augmentation de la dose totale.
La radiothérapie accélérée se justifie par le fait que les cancers
épidermoïdes de la tête et du cou sont des tumeurs à prolifération
extrêmement rapide: leur temps de doublement potentiel
est de moins de 3 jours. Par ailleurs, par rapport à la radiothérapie
conventionnelle, l’allongement de la radiothérapie a
un effet néfaste lié à la probabilité de perte de contrôle tumoral,
qui est variable, mais constante. D’où l’idée d’accélérer le
traitement pour obtenir de meilleurs résultats. Une hypothèse
qui semble confirmée en termes de contrôle local de la
tumeur, mais, là encore, sans effet significatif sur la survie.
Enfin, la curiethérapie consiste à délivrer des rayons au plus
près de la tumeur par l’intermédiaire de sources radioactives
telles que le césium-137, l’iridium-192 ou l’iode-125.
Ces sources sont appliquées dans l’organisme au contact des
cellules cancéreuses, soit directement, soit scellées dans des
“vecteurs”. Cette méthode permet d’irradier la tumeur en protégeant
au maximum les organes voisins et dans certains cas
d’éviter les traitements chirurgicaux. La curiethérapie s’adresse
au traitement de tumeurs de petit volume, aux contours précis
et facilement accessibles (voile du palais, luette, etc.).
Les effets secondaires observés durant l’irradiation sont essentiellement
la radio-épithélite et la radiomucite qui peuvent
nécessiter la mise en place d’une alimentation entérale continue
par sonde. Ils sont habituellement réversibles mais leur
intensité peut parfois imposer l’arrêt du traitement qui est un
facteur pronostique péjoratif pour le contrôle de la maladie et
la survie. Les complications chroniques surviennent à partir de
la sixième semaine après la fin du traitement ; les plus fréquentes
sont la xérostomie et l’induration tégumentaire cervicale.
Les complications dentaires doivent être prévenues par la
remise en état avant traitement et par des soins quotidiens
(bains de bouche, gouttières fluorées) à vie. La toxicité tardive
comme la constriction permanente des maxillaires, la sténose
pharyngée, la nécrose laryngée et la myélite post-radique plus
rares sont toujours à redouter. La toxicité actinique peut être
majorée par une chimiothérapie concomitante.
Chimiothérapie
La chimiothérapie a été proposée pour tenter d’améliorer le
contrôle local et la survie selon plusieurs modalités [4, 11] :
en induction, adjuvante ou concomitante à la radiothérapie.
Jusqu’à présent, aucun des médicaments utilisés, seuls ou
combinés, en induction ou dans un but adjuvant n’a jamais
démontré un bénéfice significatif sur la survie quels que soient
le stade et la localisation tumorale [12].
Cependant, la chimiothérapie d’induction a montré un intérêt
dans la préservation laryngée, des cancers avancés du larynx
et de l’hypopharynx, avec une bonne corrélation entre la chimiosensibilité
et la radiosensibilité, en permettant des taux de
larynx préservés non opérés de l’ordre de 40 à 60 % à survie
inchangée [12-15]. Les modalités actuelles reposent soit sur
l’administration classique de cisplatine à 100 mg/m2 à J1 et de
5-FU à 1 000 mg/m2 de J1 à J5, selon 3 cycles débutant à J1,
J22, J43 (protocole PF), soit sur une combinaison de taxotère à
75 mg/m2 à J1, de cisplatine à 75 mg/m2 à J1 et de 5-FU à
750 mg/m2 de J1 à J5, selon 3 ou 4 cycles débutant à J1, J22,
J43 (protocole TPF, essais EORTC 24971/TAX 323). L’apport du
taxotère a permis la diminution des doses de cisplatine et de
5-FU favorisant ainsi la tolérance et l’observance au traitement.
Le protocole TPF suivi de radiothérapie est significativement
supérieur au protocole PF suivi de radiothérapie en termes
de taux de réponse, de survie sans progression de la
maladie et de survie globale (essai GORTEC 2000-01). L’efficacité
du protocole TPF en induction a été confirmée avant radiochimiothérapie
(avec carboplatine) en termes de survie sans
progression (essai TAX 324). La chimiothérapie d’induction
puis concomitante à la radiothérapie améliore le taux de
réponse au prix d’une toxicité muqueuse plus élevée de
l’ordre de 20 % [16]. Le protocole TPF s’impose actuellement
comme le nouveau standard quand une chimiothérapie
d’induction est indiquée.
L’association concomitante de la chimiothérapie cytotoxique et
de la radiothérapie permet d’améliorer le contrôle local et de
réduire le risque de dissémination métastatique des tumeurs
avancées (stades III et IV). Elle est également une alternative
possible comme traitement exclusif des tumeurs du pharyngolarynx
qui relèvent d’une laryngectomie totale [17].
La radiochiomiothérapie a été évaluée avec une monothérapie
(5-FU, hydroxyurée, mitomycine, sels de platine) ou en
polychimiothérapie.
Actuellement elle peut être considérée comme un traitement
standard des tumeurs de stades III et IV non résécables, en
sachant que la mucite en est le principal facteur de toxicité
limitant [18]. La toxicité tardive est plus fréquente pour les
tumeurs du larynx et de l’hypopharynx, et son bénéfice n’a
pas été réellement démontré chez les patients âgés de plus de
70 ans.
Deux essais randomisés comparant la radiothérapie et la radiochimiothérapie
postopératoire (avec 3 cures de cisplatine) chez
des patients atteints d’un cancer des VADS avec au moins
2 facteurs de risques péjoratifs (marges d’exérèse tumorale,
adénopathie en rupture capsulaire) ont démontré une amélioration
de la survie en faveur de la radiochimiothérapie postopératoire
(EORTC 22981, RTOG 9501) [14, 19].
Des protocoles de réirradiation avec chimiothérapie concomitante
pour les récidives locorégionales ont été proposés sans
progrès décisifs en termes de survie et au prix d’une toxicité
élevée. Le traitement des récidives locorégionales par réirradiation
avec chimiothérapie concomitante (5-FU et hydroxyurée)
Poissonnet G, Benezery K, Peyrade F, Bozec A, Bensadoun RJ, Marcy PY et al.
tome 36 > n° 11 > novembre 2007 > cahier 2
1638
après chirurgie de rattrapage [20] n’a montré qu’un avantage
en ce qui concerne la survie sans progression de la maladie et
aucune amélioration de la survie globale.
Thérapies ciblées
Les avancées récentes dans la compréhension des mécanismes
moléculaires de l’oncogenèse et particulièrement dans les voies
de la signalisation cellulaire ont permis de développer des drogues
plus spécifiques qui ciblent sélectivement les cellules cancéreuses.
Dans le cas des cancers ORL, le récepteur membranaire à
l’EGF (Epidermal Growth Factor) est souvent surexprimé par les
cellules tumorales [21, 22]. Cette surexpression majore le niveau
de prolifération tumorale, le risque de récidive métastatique et le
risque de radiorésistance. C’est un facteur pronostique indépendant
reconnu (mais peu utilisé) ainsi qu’une cible thérapeutique
de choix, soit par l’utilisation d’un anticorps monoclonal (cétuximab),
soit par l’application d’un inhibiteur spécifique de l’activité
tyrosine-kinase intracellulaire du REGF ou récepteur de l’EGF (erlotinib,
géfitinib). Des résultats cliniques récents ont montré un
effet chimio et radiosensibilisant de drogues ciblant le REGF
[23]. Une étude récente multicentrique a démontré la supériorité,
en termes de contrôle local et de survie, de l’association d’un
anti-REGF (cétuximab) radiothérapie, versus radiothérapie seule,
concernant des tumeurs avancées (stades II et IV) non métastatiques,
sans augmentation de la toxicité [24]. La critique principale
de cet essai étant un bras de référence non optimal puisque
ne comportant que de la radiothérapie sans chimiothérapie.
L’apport des thérapies ciblées combinées à la chimiothérapie pour
le traitement des cancers en récidive locorégionale ou en phase
métastatique et progressant sous chimiothérapie est encore en
évaluation. Deux études récentes de phase II ont montré la faisabilité
en termes de tolérance (anémie, réaction acnéiforme, troubles
digestifs), sans augmentation de la survie [25-27].
Traitements associés
Dès l’annonce du diagnostic le patient est inscrit dans un parcours
de soins balisé. Les soins de support multidisciplinaires
sont coordonnés. Ils contribuent à la prise en charge globale
du malade tout au long de sa maladie. Ils concernent la douleur,
l’asthénie, les problèmes nutritionnels, digestifs et odontologiques,
les troubles respiratoires, le handicap phonatoire
(laryngectomisés), la réadaptation sociale et l’aide psychologique
(souffrance psychique et dénaturation de l’image corporelle).
L’aide au sevrage de l’alcool et du tabac est réalisée
autant que possible. Cette prise en charge continue va
jusqu’au stade ultime de l’accompagnement en fin de vie
dans les situations palliatives sans possibilité curative.
Indications
Le traitement des cancers ORL nécessite un bilan préthérapeutique
très précis de l’extension tumorale locorégionale ainsi
que du terrain et de la comorbidité associée. Il doit prendre
en considération à la fois le site tumoral primitif et les aires
ganglionnaires cervicales (métastases) de principe ou de
nécessité [3, 10].
Plusieurs techniques peuvent être utilisées, seules ou combinées.
Si la chirurgie et la radiothérapie peuvent à elles seules
être curatrices, la chimiothérapie ne peut se concevoir qu’en
association néoadjuvante ou synchrone de la radiothérapie
unique ou postopératoire. Ces méthodes thérapeutiques multiples,
dans leur choix comme dans leurs modalités, la complexité
même de ces tumeurs sur le plan anatomofonctionnel,
l’évolution locorégionale naturellement monstrueuse, imposent
tout naturellement la nécessité d’une réflexion et d’un
choix multidisciplinaire, le respect des référentiels classiques
(standards, options et recommandations, niveaux de preuves,
etc.), l’établissement de thésaurus par unité de concertation,
la définition de critères de choix et d’arbres décisionnels adaptés
par les équipes traitantes : traitement exclusif par chirurgie
ou radiothérapie, choix des traitements combinés (chirurgie ou
radiothérapie première), indications des traitements de rattrapage
dans les cas encore fréquents de récidive locorégionale.
La concertation multidisciplinaire permet en outre l’inclusion
de certains malades dans les essais thérapeutiques en cours.
Elle permet aussi une prise en charge optimale des soins de
support (algologie, renutrition par sonde nasogastrique ou gastrostomie,
soutien psychologique, etc.).
Il existe des facteurs déterminants dans le choix thérapeutique
que sont : la localisation et la sous-localisation tumorale,
l’aspect macroscopique lésionnel (bourgeonnant ou infiltrant,
inflammatoire, bien limité ou non), la taille tumorale, le statut
ganglionnaire et la présence de métastases à distance (stade
TNM), le contexte carcinologique historique (récidive, seconde
localisation, post-radique, etc.), l’âge physiologique et la
comorbidité.
Les tendances thérapeutiques actuelles, dans le respect des
principes de la carcinologie, sont au développement des stratégies
conservatrices, chirurgicales ou non chirurgicales [17].
Dans les centres spécialisés, la recherche clinique a pour but
de favoriser les progrès thérapeutiques à partir des résultats
des études cliniques et de définir des nouveaux protocoles.
Selon les stades
Pour les tumeurs débutantes T1-T2 N0, selon la localisation, le
traitement de choix est la chirurgie fonctionnelle ou la radiothérapie
exclusive (curiethérapie, conventionnelle ou IMRT :
radiothérapie par modulation d’intensité). La chirurgie peut
être transorale, endoscopique (laser CO2) ou par voie cervicale
(pharyngectomies et laryngectomies partielles) ; pour la majorité
des cas, un curage ganglionnaire sélectif ou radical modifié,
uni ou bilatéral est réalisé de principe. Il n’y a pas de place
pour la chimiothérapie.
Cancers ORL : les grands principes thérapeutiques
orl/cancérologi e
tome 36 > n° 11 > novembre 2007 > cahier 2
1639 Mise au point
Pour les tumeurs évoluées T3-T4 N > 0, plusieurs options sont
possibles, le choix doit être adapté à chaque cas particulier.
La chirurgie, fonctionnelle ou radicale et réparatrice sur la
tumeur et les ganglions, sera toujours suivie d’une radiothérapie
postopératoire conventionnelle ou associée à la chimiothérapie
si des facteurs de mauvais pronostic sont présents.
La radiothérapie exclusive, sur le mode conventionnel, bifractionnée,
ou accélérée avec concomitant boost, peut être associée
à la chimiothérapie ou à une thérapie moléculaire ciblée
(cétuximab 400 mg/m2 une semaine avant le début de la
radiothérapie puis 250 mg/m2 hebdomadaire pendant la
durée de la radiothérapie) [27]. La chimiothérapie concomitante
fait appel au cisplatine, au 5-FU, au carboplatine et à la mitomycine
C, selon des schémas de mono ou polychimiothérapies.
La préservation laryngée fait appel soit à une chimiothérapie
d’induction selon le protocole PF ou TPF suivi de radiothérapie
conventionnelle en cas de réponse > 50 % ou de laryngectomie
totale, curage bilatéral et radiothérapie complémentaire
en cas de réponse < 50 % ; soit à une radiochimiothérapie
avec du cisplatine à 100 mg/m2 à J1, J22 et J43 puis une surveillance
simple en cas de réponse complète ou une laryngectomie
totale et un curage ganglionnaire en cas de réponse
incomplète [4, 10, 17].
Selon la localisation
Les carcinomes de la cavité buccale sont de façon classique
traités et contrôlés par la chirurgie dans 60 à 90 % des cas,
la radiothérapie postopératoire étant réservée aux formes infiltrantes
évoluées ou aux cas d’atteinte ganglionnaire multiple.
Les tumeurs de l’oropharynx sont traitées en première intention
soit par radiothérapie, soit par chirurgie suivie de radiothérapie
pour les formes plus infiltrantes (en particulier le sillon
amygdaloglosse).
Pour les carcinomes du larynx : les tumeurs limitées peuvent
être traitées par la chirurgie fonctionnelle exclusive, mis à part
le cas particulier de la corde vocale où la radiothérapie exclusive
en champs étroits reste une excellente indication. Pour les
tumeurs plus évoluées la laryngectomie totale garde une indication
pour les lésions transfixiantes cartilagineuses ou les
extensions sous-glottiques avancées ; dans les autres cas, des
protocoles de conservation laryngée doivent être proposés.
Pour les carcinomes de l’hypopharynx, les lésions limitées
peuvent être traitées par chirurgie partielle suivie de radiothérapie,
les formes évoluées relevant de protocoles de préservation
laryngée, la chirurgie mutilante (pharyngolaryngectomie
totale, pharyngolaryngectomie circulaire) étant plutôt réservée
pour le rattrapage des échecs médicaux [4].
Les carcinomes des cavités nasosinusiennes sont traités préférentiellement
par l’association chirurgie suivie de radiothérapie
externe.
Le carcinome peu différencié du cavum est traité par radiothérapie
exclusive selon le mode conformationnel ou au mieux
par RCMI (radiothérapie conformationnelle avec modulation
d’intensité) pour les formes limitées (T1 et T2 N0), tandis
que pour les formes plus évoluées, l’association d’une chimiothérapie
avec la radiothérapie est la règle [28].
Résultats
La localisation, la taille de la tumeur primitive et les métastases
ganglionnaires cervicales sont les principaux facteurs qui déterminent
la survie des carcinomes épidermoïdes des VADS.
L’analyse des taux de survie est rendue difficile par la grande
hétérogénéité de ces tumeurs, par l’importance de la lymphophilie
et son retentissement dans la survie, par la complexité
des traitements mis en oeuvre et la difficulté de mener des
essais randomisés prolongés dans le temps. Tous stades et
localisations confondus la survie reste en moyenne entre 30 et
40 % à 5 ans [11].
Selon le stade
En ce qui concerne les tumeurs débutantes T1-T2 N0, le
contrôle local est de l’ordre de 90 % et la survie à 5 ans de
l’ordre de 80 %. Le risque essentiel est l’apparition d’un
second cancer dans les 2 ans.
Pour les tumeurs avancées T3-T4 N > 0, le contrôle locorégional
de la maladie est de 40 à 80 % selon la localisation et la
survie à 5 ans de 20 à 50 %. Le risque de récidive locale est de
40 à 60 % ; celui de métastases à distance de 15 à 30 % ; celui
de second cancer de 10 à 15 %.
Selon la localisation
Pour la cavité buccale, la survie globale moyenne à 5 ans est
de l’ordre de 50 % tous stades, sous-localisations (plancher,
langue, palais, face interne de joue, etc.) et traitements
confondus.
Pour l’oropharynx, la survie à 5 ans varie de 10 à 60 % selon le
stade et la sous-localisation (amygdale, vallécules, base de
langue, paroi pharyngée postérieure).
Pour le larynx le taux de survie globale à 5 ans tous stades
confondus est de l’ordre de 60 % (80 à 95 % pour les petites
tumeurs de la corde vocale, mais aux alentours de 50 % pour
les tumeurs plus avancées).
Pour l’hypopharynx (tous stades et sous-localisations confondus),
les résultats globaux en termes de survie restent médiocres,
de l’ordre de 15 à 25 % à 5 ans.
La survie à 5 ans des carcinomes épidermoïdes des cavités
nasosinusiennes est de 50 à 70 % pour les tumeurs limitées
(T1 T2), et de 25 à 30 % pour les formes évoluées (T3 T4).
L’association radiochimiothérapie concomitante a montré des
taux de survie de plus de 70 % pour des formes avancées
des carcinomes nasopharyngés (stades III et IV) [28].
Les cancers de la tête et du cou présentent un risque important
de récidive locorégionale lors des 2 premières années qui
Poissonnet G, Benezery K, Peyrade F, Bozec A, Bensadoun RJ, Marcy PY et al.
tome 36 > n° 11 > novembre 2007 > cahier 2
1640
suivent le traitement initial. Le traitement de ces récidives
reste difficile et souvent décevant, particulièrement quand la
récidive survient après un traitement chirurgical suivi de radiothérapie
postopératoire. La question d’une chirurgie de rattrapage
après radiochimiothérapie devient une éventualité de
plus en plus fréquente, mais le pourcentage de patients qui
peuvent en bénéficier n’excède pas 50 %, excepté pour les
récidives laryngées. Les résultats en termes de survie se
situent alors autour de 15 à 25 % à 5 ans. Par ailleurs, les
résultats fonctionnels après chirurgie de rattrapage sont souvent
médiocres [29].
Le risque de métastase à distance est de l’ordre de 15 % par
an, plus particulièrement encore pour certaines localisations
comme l’oropharynx ou l’hypopharynx.
Conclusion
Concernant les tumeurs limitées, la chirurgie fait appel aux
techniques de conservation fonctionnelle, tandis que pour les
tumeurs avancées, les pertes de substance sont traitées par
des techniques de reconstruction complexes, notamment par
les lambeaux libres.
La radiothérapie conformationnelle apporte un progrès indiscutable
dans la prise en charge de ces tumeurs tant sur le plan
de l’efficacité que des effets adverses. Pour les tumeurs avancées,
la radiochimiothérapie concomitante et la radiothérapie
hyperfractionnée (escalade de doses) ont montré une augmentation
modérée mais significative des taux de survie et
de contrôle locorégional. La radiochimiothérapie postopératoire
est indiquée dans les formes de mauvais pronostic chez
les sujets âgés de moins de 70 ans. L’association du cisplatine,
du 5-FU et du taxotère est le nouveau standard de la chimiothérapie
d’induction pour la préservation laryngée dans les
tumeurs avancées (T3-T4).
L’association d’une thérapie moléculaire ciblée à la radiothérapie
a montré sa supériorité (par rapport à la radiothérapie
exclusive) dans la survie pour les tumeurs avancées.
Le traitement des récidives locales dépend des possibilités de
rattrapage chirurgical et/ou de la réirradiation dont les indications
restent souvent limitées.
L’efficacité de certaines molécules en phase 2 métastatique
n’a jamais été confirmée dans les phases 3 où le bras de référence
comprenait des sels de platine.
La classification TNM reste le meilleur indicateur pronostique
de la survie.
Si les progrès thérapeutiques ont indiscutablement apporté
une amélioration en termes de morbidité et de qualité de
vie, et si les petites tumeurs gardent un pronostic acceptable,
avec un contrôle local dans 80 % des cas, dans les tumeurs
avancées le contrôle local est obtenu dans seulement 30 à
60 % des cas et la survie à 5 ans est de 15 à 40 %.
Concernant les thérapeutiques classiques de ces tumeurs ORL,
les progrès potentiels que l’on peut attendre, notamment en
balistique de radiothérapie, en chirurgie réparatrice avec les
lambeaux libres, avec de nouvelles drogues cytotoxiques en
chimiothérapie, amélioreront très certainement le pronostic
de ces tumeurs. C’est l’association de ces thérapies standards
qui permettra un meilleur contrôle tumoral. Le développement
des essais cliniques coopératifs est un impératif pour tester
objectivement ces nouvelles stratégies.
C’est certainement en biologie moléculaire que les progrès
sont à attendre en améliorant la connaissance de la signalétique
des cellules tumorales, pour mettre en évidence de nouvelles
cibles thérapeutiques.
Conflits d’intérêts : aucun
Références
1 Auperin A, Hill C. Épidémiologie des carcinomes
des voies aérodigestives supérieures.
Cancer Radiother. 2005; 9: 1-7.
2 Zhang ZF, Morgenstern H, Spitz MR,
Tashkin DP, Yu GP, Marshall JR et al. Marijuana
use and increased risk of squamous cell carcinoma
of the head and neck. Cancer Epidemiol
Biomarkers Prev. 1999; 8: 1071-8.
3 Shah JP. Cervical lymph node metastase –
diagnostic, therapeutic and prognosis implications.
Oncology. 1990; 4: 61-9.
4 Pivot X, Schneider M, Demard F, editors. Carcinomes
épidermoïdes des voies aérodigestives
supérieures : nouvelles stratégies diagnostiques
et thérapeutiques. Paris: Springler-
Verlag; 2003.
5 Poissonnet G, Dassonville O, Pivot X, Demard F.
Cancers du larynx et de l’hypopharynx: anatomie,
anatomopathologie, signes cliniques, TNM,
thérapeutique. Bull Cancer. 2000(Suppl 5):
27-38.
6 Robbins KT, Clayman G, Levine PA, Medina J,
Sessions R, Shaha A et al, American Head
and Neck Society. American Academy of Otolaryngology
Head and Neck Surgery. Neck
dissection classification update: revisions
proposed by the American Head and Neck
Society and the American Academy of Otolaryngology-
Head and Neck Surgery. Arch Otolaryngol
Head Neck Surg. 2002; 128: 751-8.
7 Kolb F, Julieron M. Chirurgie réparatrice en cancérologie
ORL: principales méthodes et indications.
Cancer Radiother. 2005; 9: 16-30.
8 Lapeyre M, Marchesi V, Mege A, Aletti P,
Graff P, Racadot S et al. Radiothérapie conformationelle
avec modulation d’intensité des
cancers des voies aérodigestives supérieures
avec irradiation bilatérale du cou : résultats
préliminaires. Cancer Radiother. 2004; 8:
134-47.
9 Maingon P, Mammar V, Peignaux K, Truc G,
Barillot I. Les contraintes aux organes à
risque en radiothérapie par modulation d’intensité
des cancers ORL. Cancer Radiother.
2004; 8: 234-47.
10 Wendt TG, Grabenbauer GG, Rödel CM,
Thiel HJ, Aydin H, Rohloff R et al. Simultaneous
radiochemotherapy versus radiotherapy
alone in advanced head and neck cancer:
a randomized multicenter study. J Clin
Oncol. 1998; 16: 1318-24.
11 Vokes EE, Weichselbaum RR, Lippman SM,
Hong WK. Head and neck cancer. N Engl
J Med. 1993; 328: 184-94.
12 Pignon JP, Baujat J, Bourhis J. Apport des
méta-analyses sur données individuelles au
Cancers ORL : les grands principes thérapeutiques
orl/cancérologi e
tome 36 > n° 11 > novembre 2007 > cahier 2
1641 Mise au point
traitement des cancers ORL. Cancer Radiother.
2005; 9: 31-6.
13 The department of Veteran Affairs Laryngeal
Cancer Study Group. Induction chemotherapy
plus radiation compared with surgery plus
radiation in patients with advanced laryngeal
cancer. N Engl J Med. 1991; 324: 1685-90.
14 Janot F, Rhein B, Koka V. Préservation laryngée
par chimiothérapie première. À propos
de l’expérience de deux centres du GETTEC
dans les cancers de l’endolarynx traités entre
1985 et 1995. Ann Otolaryngol Chir Cervicofac.
2002; 119: 12-20.
15 Bernier J, Vermorken JB, Koch WM. Adjuvant
therapy in patients with resected poor-risk
head and neck cancer. J Clin Oncol. 2006; 24:
2629-35.
16 Hitt R, Grau J, Lopez-Pousa A, Berrocal A,
García-Giron C, Belon J et al. Randomized
phase II/III clinical trial of induction chemotherapy
(ICT) with either cisplatin/5-fluorouracil
(PF) or docetaxel/cisplatin/5-fluorouracil
(TPF) followed by chemoradiotherapy
(CRT) vs. crt alone for patients (pts) with
unresectable locally advanced head and neck
cancer (LAHNC). J Clin Oncol. 2006; 24(18 s):
283s (abst. 5515).
17 Forastiere AA, Goepfert H, Maor M, Pajak TF,
Weber R, Morrison W et al. Concurrent chemotherapy
and radiotherapy for organ preservation
in advanced laryngeal cancer.
N Engl J Med. 2003; 349: 2091-8.
18 Bensadoun RJ, Benezery K, Dassonville O,
Magne N, Poissonnet G, Ramaioli A et al.
French multicenter phase III randomized
study testing concurrent twice-a-day radiotherapy
and cisplatin/5-fluorouracil chemotherapy
(BiRCF) in unresectable pharyngeal
carcinoma: Results at 2 years (FNCLCC-GORTEC).
Int J Radiat Oncol Biol Phys. 2006; 64:
983-94.
19 Bernier J, Cooper JS, Pajak TF, Van Glabbeke M,
Bouhris J, Forastière A et al. Defining risk levels
in locally advanced head and neck cancers:
a comparative analysis of concurrent postoperative
radiation plus chemotherapy trials of the
EORTC (#22931) and RTOG (# 9501). Head
Neck. 2005; 27: 843-50.
20 Janot F, De Raucourt D, Castaing M, Bardet E,
Dolivet G, Bensadoun R et al. Re-irradiation
combined with chemotherapy after salvage
surgery in head and neck carcinoma: a randomized
trial from the GETTEC and GORTEC
groups. J Clin Oncol. 2006; 24(18 s): 282s
(abst. 5508).
21 Dassonville O, Formento JL, Francoual M,
Ramaioli A, Santini J, Schneider M et al.
Expression of epidermal growth factor receptor
and survival in upper aerodigestive tract
cancer. J Clin Oncol. 1993; 11: 1873-8.
22 Magné N, Pivot X, Bensadoun RJ, Guardiola E,
Poissonnet G, Dassonville O et al. The relationship
of epidermal growth factor receptor
level to the prognosis of unresectable pharyngeal
cancer patients treated by chemo-radiotherapy.
Eur J Cancer. 2001; 37: 2169-77.
23 Harari PM, Huang S. Head and neck cancer as
a clinical model for molecular targeting of
therapy: combining EGFR blockade with
radiation. Int J Radiat Oncol Biol Phys. 2001;
49: 427-33.
24 Bonner JA, Harari PM, Giralt J, Azarnia N,
Shin DM, Cohen RB et al. Radiotherapy plus
cetuximab for squamous-cell carcinoma of
the head and neck. N Engl J Med. 2006; 354:
567-78.
25 Baselga J, Trigo JM, Bourhis J, Tortochaux J,
Cortes-Funes H, Hitt R et al. Phase II multicenter
study of the antiepidermal growth
factor receptor monoclonal antibody cetuximab
in combination with platinum-based
chemotherapy in patients with platinumrefractory
metastatic and/or recurrent squamous
cell carcinoma of the head and neck.
J Clin Oncol. 2005; 23: 5568-77.
26 Herbst RS, Arquette M, Shin DM, Dicke K,
Vokes EE, Azarnia N et al. Phase II multicenter
study of the epidermal growth factor
receptor antibody cetuximab and cisplatin
for recurrent and refractory squamous cell
carcinoma of the head and neck. J Clin Oncol.
2005; 23: 5578-87.
27 Rivera S, Keryer C, Busson P, Maingon P. Les
carcinomas du nasopharynx: de la biologie à
la clinique. Cancer Radiother. 2005; 9: 55-68.
28 Julieron M, Temam S. Récidives locorégionales
des cancers ORL: place de la chirurgie.
Bull Cancer. 2004; 91: 863-9.
29 Posner MR, Wirth LJ. Cetuximab and radiotherapy
for head and neck cancer. N Engl J Med.
2006; 354: 634-6.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire